Laura Zimmermann, jeune artiste née en 1986, pratique une peinture sans concession. Ses

compositions font appel à des éléments banals de l’iconographie populaire de notre époque,

qu’elle traite dans un geste nerveux et rapide, feignant une facture maladroite, vite faite, bâclée,

à l’instar du street art. Elle dévoie et exalte ainsi des images insignifiantes en leur conférant

une dimension universelle, inspiratrice, selon les séries, d’angoisse et de malaise, de tendresse

et d’empathie. Jeu incessant de violence et de séduction… [...]

L’artiste peint ses toiles à même le sol, attaquant leur surface avec des gestes qui s’apparentent

à une agression du support. On y devine une lointaine filiation avec les drippings de Pollock

et l’action painting, mais revisitée à la lumière du pop-art. L’énergie déployée y est offensive, vibrionnante, saturante, électrifiante, mouvante, insaisissable… Les cadrages, comme découpés

à la hache, sectionnent des tranches de réalité apparemment arbitraires sur des fonds unis et

saturés. [...]

L’absence de sujet, le vide narratif incitent le spectateur à rechercher la faille, le détail expressif

qui fournira une clé de lecture. Il en trouvera probablement une multitude, certaines débouchant

sur des impasses, d’autres permettant d’échafauder les hypothèses les plus folles.

Il imaginera des lendemains de fête se muant en cauchemars, des catastrophes latentes, des

crimes ignominieux tout juste perpétrés, des secrets inavouables, des joies superficielles dissimulant mal une profonde détresse… Sans en avoir l’air, avec des moyens d’une extrême simplicité, Laura Zimmermann se livre ainsi à un travail de sape de nos certitudes trop bien établies, d’une rationalité tranquillisante, du statut même des images souvent insignifiantes dans

nos sociétés qui en regorgent…

Louis Doucet, janvier 2014

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